lundi, décembre 03, 2007

Manichéen PQ, première partie

Constipation intellectuelle désobligeante, le sujet de ce billet en est un qui tente de contrevenir à une vision manichéenne des plus communes ces jours-ci. Le Québec semble divisé entre une vision métropolitaine (oui, j'aime la crème glacée trois couleurs) et une autre rurale avec son lot de villes à saveurs régionales. L'ensemble de la réalisation de cette anti-conjugaison, de cet obscurantisme, de cette livraison passée date du dialogue urbain-rural, de cette opposition entre élitisme contre populisme jette de la poudre aux yeux. Nous sommes aveuglés ou tout simplement amnésiques sur la définition de ce que doit être un citoyen (1), de la relation entre les provinces et le fédéral (2), de la relation entre une métropole et sa province (3) et par conséquent, de ceux et celles qui profitent d'une confrontation vouée à s'embourber l'instant d'une subvention ici et là alors que l'existence des mots efficience et efficacité est perdue avec les eaux usées de l'Ile des Soeurs (4). Le sujet de ce billet est cette constipation intellectuelle désobligeante qui m'habite depuis que j'entends ici et là la pratique orale des stéréotypes instrumentalisés par une victimisation cul-cul très cher à l'imaginaire québécois.

1) La définition d'un citoyen s'explique par des expressions d'académiciens telles que "dialectique de la reconnaissance entre le citoyen et l'État", "contrat social", "filet social" ou "sécurité sociale" et mon préféré "État de Droits". Que se passe t'il alors que le citoyen lui-même ne se reconnait pas vis-à-vis un autre citoyen? Est-ce à l'État d'admettre sa faute en ne communiquant pas assez auprès de ceux qui lui donnent sa raison d'être et ce, les causes du changement économique, politique et social? Est-ce la responsabilité du citoyen en s'appliquant par l'entremise des appareils d'État déjà mis en place pour le soutenir d'admettre que la réalité est telle quelle et qu'il ou elle doit se motiver à se grouiller le cul, à pourfendre la paresse intellectuelle et à accepter les nouveaux courants au sein de sa démographie et sa géographie? Je pose ici des questions, je me pose ces questions.

Être un citoyen aujourd'hui ressemble de plus en plus à être un consommateur, un sportif de salon, un mangeux de rotteux assit sur son steak, quelqu'un qui n'a plus rien à se prouver et qui délègue en nivelant par le bas pour une question d'économiser du temps et de l'espace, la fameuse société des loisirs... Comment est-ce que le bas se constitue? Je crois que ça commence par une éducation de moins en moins rigoureuse (ce qui ne rend pas caduque l'idée d'une éducation gratuite selon certains modèles européens). Le bas, c'est le fait d'accepter qu'on donne un diplôme à Pierre, Jean et Jacques (contrats de performance entre les universités et le gouvernement provincial) et ce, afin de rester compétitif ou simplement en vie. On coupe les coins ronds autrement dit. On abaisse la moyenne au Cégep afin d'admettre plus de personnes aux études universitaires. Les départements et facultés fabriquent des programmes d'études inter-départements moins rigoureux et forçant le niveau d'enseignement à s'ajuster à l'étudiant, au client et non l'inverse. L'effet d'association à la "jadis" corporation d'intellectuel vient de se désacraliser pour devenir une question d'accès au marché du travail. Le laissé-faire libérale donne dans l'exode des cerveaux et l'effervescence des corporatistes disloqués de la réalité universelle glocale. Bref, on articule un conditionnement dès le départ une main d'oeuvre associée à des marchés de plus en plus précaires en prévision d'une réalité pessimiste, changeante et ce, en raison du réveil d'économies autrefois soumises par l'impérialisme.
On veut des emplois. On demande des emplois alors qu'avant on cherchait des gens afin de faire rouler sa "business". L'État a vendu la peau de ses électeurs, c'est l'aliénation complète. On vote pour... Je ne me souviens pas, ce nouveau leitmotiv québécois.

Être un citoyen ça implique non seulement une bonne base lors de sa création alors qu'il nait ici mais aussi lorsqu'il est né ailleurs. Si je semble penser qu'il est important de voir à ce que le processus de création d'un citoyen est important pour le "pure laine", il l'est tout autant pour celui qui vient ici se réformer afin d'affirmer ses droits universels (assaisonnés des épices locales).

(Partie I: la suite, cette semaine)
N.B.: Ceci n'est qu'un exercice et non la prochaine plateforme d'un parti politique ou d'une vision se voulant être universaliste. J'aimerais beaucoup que des commentaires sur le contenu plutôt que sur la forme. Je comprends que mon style est flou, ma structure semblable à l'écologie d'une "swamp".