dimanche, octobre 03, 2004


Jacques était là dans son salon, écoutant la musique évoquant chez lui un semblant de messe enchanté par le son d’un Casavant. Dans son trois et demi, les murs du salon trop grands ternissaient les couleurs de son pantalon. Un pantalon rouge nananne, dont il avait fait l’acquisition à l’une des merceries du faubourg, lequel lui imposait la cadence. Pourquoi s’en plaindre? Ce pantalon le mettait à l’aise au premier abord et il ne le portait qu’à la maison. Tenant dans sa main droite une copie d’un journal, l’encre séché lui donnant la sensation d’égriser les pores de sa paume. Le tenant roulé, il le serait tel le volant d’une voiture dont il n’avait pas les moyens.

Habituellement, l’heure et la date avaient une importance pour lui, il cherchait à savoir ce qui se produisait ailleurs que chez lui. À son habitude, ses choses ne bougeaient pas. Il en avait l’impression. Reste t’il que les choses qui ne bougent pas n’étaient, vraisemblablement, pas, à son avis. À cette constatation lui vint à l’esprit la question à savoir si réellement lui-même était un objet dont l’existence eidétique prenait place. Levant les yeux vers son buste d’Hérode, il y vit les égratignures de son chat mort, il y a de cela 2 mois. L’absence d’Oscar se sentait encore. Jacques ne vivait plus avec cette odeur de litière et ses vêtements s’étaient émaciés de la masse des poils perdus par le félin, mort d’une crise d’hormones.

Beaucoup de détails en si peu de temps, la vitesse de la pensée en fonction des mains et de la vue font fondre l’envie de perdurer la teneur du propos. Affranchi de sa cage sociale, Jacques ne cherche pas à s’en sortir. La liberté est impitoyable pour ceux dont la créativité et le respect des lois sont cuit à point. Pourquoi ne pas être l’un de ces fouilles-merdes de journalistes? Aller fouler le terrain, être exhaustif des faits cuculs de la vie serait tellement plus pressant. Être pressé, oui, une semaine n’attendrait pas l’autre! Repaver les quartiers Est, les rendre intéressants, y emmener les yuppies et vaincre la pauvreté. Le relief de ma vie deviendrait celui d’une star.

La réluctance vient faire son tour. Eh merde! La présomption ne sert à rien pour celui dont le lustre s’est perdu, même pour ceux allant encore d’un hourvari. Jacques comprit qu’il était entrain à se compromettre dans sa relative espérance de vie. Il y a deux semaines de cela, il dévisageait le scintillement de son ouvre-lettre ougandais. L’éclat rouge des rideaux à travers duquel venait se poser une fine lame de lumière atterrissait directement sur son tranchant. La poignée faite d’ivoire donnait l’argument à l’acte d’être de bon goût, un suicide succulent. Puis aujourd’hui, il vit la corde servant à tenir les rideaux spartiates. D’un bond du regard, un calcul mathématique s’entreprit à faire le test de résistance entre la corde sa masse et le point d’attache. La corde, elle aussi ayant de la classe, était dorée et épaisse. Il restait tout de même à se trouver un point d’attache assez solide. Aucune poutre, clou ou garde-robe était assez robuste. Le buste de Jacques se bomba et il relâcha son souffle. À quoi bon, le suicide n’est qu’une solution afin de mettre fin à sa vie. Il serait bien plus simple d’arrêter d’être conscient du fait de son vécu. Il regarda le journal et l’ouvrit, un bon début. Les grands titres se précipitant à proximité des publicités, il vit.

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Réflexion d’un exilé de l’université…
l’évidence des faits, je m’aperçois qu’il existe un certain rapport de jouissance dans la perte d’enthousiasme causé chez celui ou celle qu’on méprise. À cet exercice cognitif m’aspire la pensée suivante, les cours universitaires et les rapports s’y écoulant en sont de ceux qui ressemblent au désir sexuel des pervers. Allant y rechercher des émotions fortes, certains d’entre vous, tout comme moi, se masturbe le cerveau. Certains y font un exercice de style, renouvelant la prise de l’objet à des fins d’y maximiser l’effet de profit. Une masturbation, s’affranchissant de sa cage sociale, qui mène son troupeau vers le rendurcissement de son identité : celui d’être le partenaire des uns et des autres et ce en lui crachant au visage. « Suis-je à l’aise à me suicider socialement? Oui.» À mon exil de votre enclos, je m’aperçois que mes frustrations se sont évincés. D’autre part, j’y vois que certains y vont d’une complaisance terrible à l’enchaînement de leurs âmes au tronc du corps professoral. Le savoir c’est comme l’argent, plus vous en avez et plus vous voulez en avoir pour le faire profiter. À ce regard dans l’abîme, j’y vois un reflet qui me dégoûte. Derrière moi, y sont ceux que j’ai côtoyés et qui dans le post-succès des grandes épreuves en viennent à se trahir. À savoir que lorsqu’il n’y a plus d’ennemi, cette haine se retourne contre soi. Fruit des anti-révolutions, qu’il s’agit de combattre l’hypocrisie des uns, les autres deviennent ces mêmes hypocrites. Une auto-satisfaction sexué, car le sexe est en soi plus fort que lorsque intime.

Il a agi avec bravoure.

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Dans quel sens peut-on parler de portée internationale de la révolution russe ? Pendant les premiers mois qui suivirent la conquête du pouvoir politique par le prolétariat en Russie (25 octobre - 7 novembre
1917), il pouvait sembler que les différences très marquées entre ce pays arriéré et les pays avancés d'Europe occidentale y rendraient la révolution du prolétariat très différentes de la nôtre. Aujourd'hui nous avons par devers nous une expérience internationale fort appréciable, qui atteste de toute évidence que certains traits essentiels de notre révolution n'ont pas une portée locale, ni particulièrement nationale, ni uniquement russe, mais bien internationale. Et je ne parle pas ici de la portée internationale au sens large du mot : il ne s'agit pas de certains traits, mais tous les traits
essentiels et aussi certains traits secondaires de notre révolution ont une portée internationale, en ce sens qu'elle exerce une action sur tous les pays. Non, c'est dans le sens le plus étroit du mot, c'est à dire en entendant par portée internationale la valeur internationale ou la répétition historique inévitable, à l'échelle internationale, de ce qui c'est passé chez nous, que certains traits essentiels ont cette portée.
Certes, on aurait grandement tort d'exagérer cette vérité, de l'entendre au-delà de certains traits essentiels de notre révolution. On aurait également tort de perdre de vue qu'après la victoire de la révolution prolétarienne, si même elle n'a lieu que dans un seul des pays avancés, il se produira, selon toute probabilité, un brusque changement, à savoir : la Russie redeviendra, bientôt après, un pays, non plus exemplaire, mais retardataire (au point de vue "soviétique" et socialiste).
Mais en ce moment de l'histoire, les choses se présentent ainsi : l'exemple russe montre à tous les pays quelque chose de tout à fait essentiel, de leur inévitable et prochain avenir. Les ouvriers avancés de tous les pays l'ont compris depuis longtemps, mais le plus souvent ils ne l'ont pas tant compris que pressenti avec leur instinct de classe révolutionnaire.
D'où la "portée" internationale (au sens étroit du mot) du pouvoir des Soviets, et aussi des principes de la théorie et de la tactique bolcheviques. Voilà ce que n'ont pas compris les chefs "révolutionnaires" de la II° Internationale, tels que Kautsky en Allemagne, Otto Bauer et Friedrich Adler en Autriche, qui, pour cette raison, se sont révélés des réactionnaires, les défenseurs du pire opportunisme et de la social-trahison. Au fait, la brochure anonyme intitulée la Révolution mondiale (Weltrevolution), parue à Vienne en 1919 ("Sozialistische Biicherei", Heft II; Ignaz Brand), illustre avec une évidence particulière tout ce cheminement de la pensée, ou plus exactement tout cet abîme d'inconséquence, de pédantisme, de lâcheté et de trahison envers les intérêts de la classe ouvrière, le tout assorti de la "défense " de l'idée de "révolution mondiale". Mais nous nous arrêterons plus longuement sur cette brochure une autre fois. Bornons-nous à indiquer encore ceci: dans les temps très reculés où Kautsky était encore un marxiste, et non un renégat, en envisageant la question en historien, il prévoyait l'éventualité d'une situation dans laquelle l'esprit révolutionnaire du prolétariat russe devait servir de modèle pour l'Europe occidentale. C'était en 1902; Kautsky publia dans l'Iskra révolutionnaire un article intitulé "Les Slaves et la révolution". Voici ce qu'il y disait :
"A l'heure présente (contrairement à 1848), on peut penser que les Slaves ont non seulement pris rang parmi les peuples révolutionnaires, mais aussi que le centre de gravité de la pensée et de l'action révolutionnaire se déplace de plus en plus vers les Slaves. Le centre de la révolution se déplace d'Occident en Orient. Dans la première moitié du XIX° siècle, il se situait en France, par moments, en Angleterre. En 1848, l'Allemagne à son tour prit rang parmi les nations révolutionnaires... Le nouveau siècle débute par des événements qui nous font penser que nous allons au-devant d'un nouveau déplacement du centre de la révolution, à savoir : son déplacement vers la Russie... La Russie, qui a puisé tant d'initiative révolutionnaire en Occident, est peut-être maintenant sur le point d'offrir à ce dernier une source d'énergie révolutionnaire. Le mouvement révolutionnaire russe qui monte sera peut-être le moyen le plus puissant pour chasser l'esprit de philistinisme débile et de politicaillerie, esprit qui commence à se répandre dans nos rangs ; de nouveau ce mouvement fera jaillir en flammes ardentes la soif de lutte et l'attachement passionné à nos grands idéaux. La Russie a depuis longtemps cessé d'être pour l'Europe occidentale un simple rempart de la réaction et de l'absolutisme. Aujourd'hui, c'est peut-être exactement le contraire qui est vrai. L'Europe occidentale devient le rempart de la réaction et de l'absolutisme en Russie... Il y a longtemps que les révolutionnaires russes seraient peut-être venus à bout du tsar,' s'ils n'avaient pas eu à combattre à la fois son allié, le capital européen. Espérons que, cette fois, ils parviendront à terrasser les deux ennemis, et que la nouvelle "sainte alliance" s'effondrera plus vite que ses devanciers. Mais quelle que soit l'issue de la lutte actuellement engagée en Russie, le sang et les souffrances des martyrs qu'elle engendre malheureusement en nombre plus que suffisant, ne seront pas perdus. Ils féconderont les pousses de la révolution sociale dans le monde civilisé tout entier, les feront s'épanouir plus luxuriantes et plus rapides. En 1848, les Slaves furent ce gel rigoureux qui fit périr les fleurs du printemps populaire. Peut-être leur sera-t-il donné maintenant d'être la tempête qui rompra la glace de la réaction et apportera irrésistiblement un nouveau, un radieux printemps pour les peuples." (Karl Kautsky: "Les Slaves et la révolution", article paru dans l'lskra, journal révolutionnaire social-démocrate russe, n° 18, 10 mars 1902). Karl Kautsky écrivait très bien il y a dix-huit ans!
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If you dont know this guy, YOU SUCK BIG TIME!!! This is the new album featuring Stevie Wonder and it's the bomb. Really, if you have'nt a smile on your face and need one, download this album or buy it.
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Really something worthy to watch

Really awesome videos showing the dirty dialectic going on in Great Britain.
http://www.ninjatune.net/videos/video.php?type=ra&id=11
http://www.ninjatune.net/videos/video.php?type=ra&id=10
and so on and so forth...

Carnage in Beirut
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jennifer bedford 2003
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Iain Borden most precious book

Taken from: http://www.shef.ac.uk/socst/Shop/7review.pdf

Skateboarding, Space and the City: Architecture and the Body
Borden, Iain. Berg, Oxford, 2001 (reprinted April 2003), 318pp
ISBN 1 85973 488 X (Hardback)

ISBN 1 85973 493 6 (Paperback)

Drawing on the work of Henri Lefebvre, Borden asks readers to rethink architecture. It is not just about an object or thing. Architecture is an ongoing process constructed by space, time and social beings. As he states, "space is part of a dialectical process between itself and human agency; rather than an a priori entity space is produced by, and productive of, social being" (11). He applies this thinking in his historical examination of skateboarding.

Utilising a vast archive of skateboarding magazines as historical sources of evidence the author is able to observe what skaters thought were significant at a certain space and time. For him, this is a more reliable method of gathering data than conducting interviews or questionnaires especially when considering how spaces for skateboarding has constantly been transforming throughout the past 3 decades. Problems of reliability would be enhanced in an interview or questionnaire when a skateboarder is asked to recollect her/his description of a particular skatepark in the seventies and what s/he was able to do in it (5). Thus, Borden justifies his methodology rather convincingly.

He details how skateboarding has evolved from being a modified scooter in the fifties for children, to being a pastime reserved for US west coast surfers in the seventies, to being a "suburban pool party" where skateboarders carved emptied swimming pools, to becoming a distinctive urban youth subculture which exists today. For this history to have evolved, many factors have to be considered.
Borden, having been a skateboarder himself in the seventies and early eighties, identifies that the skateboard device (chapter 2) has always been in the process of modification. Its mutation reflects the spaces where skateboarders sought to skate. For instance, skateboarders in the seventies wanted to emulate surfing manoeuvres while riding downhill or carving ditches. Their mobility was restricted because the skateboards were small and narrow. It was not until the advent of carving swimming pools (chapter 3) that the demand for wider, longer boards with more durable trucks and wheels was heard. Not only did carving swimming pools or manufactured skateparks (chapter 4) determine the variability of the skateboard device, it also affected how skateboarders utilise space on the ground or in the air (chapter 5).

Skateboarders are not able to invent or manage highly technical moves such as the McTwist or 900 without having adequate skateboard terrains underneath their feet. It is this interaction between space (i.e. a constructed skatepark) and body (the skateboarder) that is the basis for Borden’s conception of architecture. He argues that space and body are internalised within each other. He states, "Architecture is both external and internal to skateboarding, its concrete presentness being at once the other and the accessible symmetry to the skateboarder’s physical activity – separate to, yet brought within, the skateboarding act" (135).

His argument moves on from describing the interactions of space and body in drained-out swimming pools and constructed skateparks to urban settings (chapter 7 and chapter 8). Many factors led to this step in the
skateboarding evolution. Skateparks were becoming too expensive to maintain especially with insurance costs. Moreover, skateparks were probably perceived as the antithesis to the anarchist tendencies of the skateboard subculture (chapter 6). Another aspect of change was that skateboard devices were becoming slimmer and lighter for higher ollies and other technical street moves.
In any event, Borden demonstrates a good awareness of how skateboarders perceive the and the elements contained within it such as handrails, stairs, benches, etc. For instance, he touches on the contrasting perception of handrails between non-skateboarders and skateboarders. While nonskateboarders may see handrails as tools for mobility up-and-down staircases, skateboarders see handrails as obstacles that are skateable.

The weakest aspect of this excellent book is the chapter on skateboarding as a subculture (chapter 6). Although it touches on key issues in regards to gender and homophobia, it could have touched on the idea that skateboarding is perhaps no different than any other male-dominated sport such as football or activity such as b-boying. Another point of criticism is that it makes generalisations on certain aspects of the subculture without convincing evidence. For instance, it is a bit farfetched to argue that skateboarders such as Christian Hosoi adopted gang culture to market his products by describing a photo of him wearing a black leather jacket (141).

Having been skateboarder myself along the California central coast in the late 80s, I feel Borden made a worthwhile attempt in capturing skateboarder sentiments on how they confront different spaces. It certainly rekindled memories of how a skateboard felt underneath my feet and the excitement from skating urban centres.

Reviewed by Manny Madriaga
Department of Sociological Studies, University of Sheffield.

CEPES HÉGÉMONIE

Taken from: http://www.er.uqam.ca/nobel/cepes/hegemonie.html

Hégémonie

Hegemony
Par Chantal RobichaudDépartement de science politiqueUniversité du Québec à MontréalFévrier 2001

Un État dominant exerce une fonction hégémonique s'il conduit le système d'États dans la direction qu'il choisit et si, ce faisant, il est perçu comme étant le défenseur de l'intérêt universel. (Arrighi 1993:150)[1]

Bien que le concept d'hégémonie (du russe gegemonyia) ait beaucoup évolué depuis son utilisation par les révolutionnaires que furent Lénine et Trotsky, l'idée centrale qu'il représente demeure la même, soit l'existence au sein du système international de diverses formes de pouvoir et d'influence exercées par des groupes sociaux dominants sur d'autres groupes subordonnés. En Relations internationales, on parle d'hégémonie mondiale, soit de la capacité que possède un État d'exercer des fonctions gouvernementales sur un système politique mondial composé d'États souverains (Arrighi 1993: 148).

Les théories gramsciennes ou néomarxistes démontrent que l'hégémonie fait référence à une forme de puissance qui ne relève pas que de dominance pure et simple; elle signifie également l'exercice d'un leadership intellectuel et moral (Gramsci 1971: 57) qui prétend représenter l'intérêt universel et qui s'étend au système interétatique. La priorité accordée aux fondements idéologiques et culturels explique le comment du consentement et de la participation des groupes subordonnés à des classes dominantes prétendant les représenter. En effet, les structures de l'hégémonie, parce qu'elles légitimisent l'ordre et les politiques nationales, créent des normes universelles et mettent en place des mécanismes et des institutions servant à établir des règles de droit et de comportement pour les États et les acteurs transnationaux, et facilitent l'enracinement des bases sociales et matérielles nécessaires à l'exercice du pouvoir par l'hégémon (Cox 1987: 172). Pour Cox, l'hégémonie dépasse donc le système d'États. Il faut la comprendre en tenant compte du fait que les idées et les conditions matérielles d'existence sont toujours en relation les unes avec les autres (ce qu'il nomme le matérialisme historique). En ce sens, l'ordre hégémonique découle de la propagation d'une culture commune par des classes sociales dominantes (Cox 1983: 56) et se maintient grâce aux moyens de production et aux relations complexes qui se nouent entre les classes sociales des différents pays (Cox 1983: 62).

Dans les années soixante-dix, le concept d'hégémonie a été central dans le développement des théories des Relations internationales, et principalement en économie politique internationale. L'école de l'économie-monde pousse ainsi plus loin la dimension économique de l'hégémonie: «l'hégémonie est une situation dans laquelle les biens d'un État du centre sont produits tellement efficacement qu'ils sont largement plus compétitifs que les biens d'autres États du centre, ce qui permet à cet État d'être le principal bénéficiaire de la maximisation du libre-marché mondial» (Wallerstein 1980: 38)[2].

De plus, la théorie de la stabilité hégémonique se retrouva au centre des analyses que développèrent les théories réalistes et qui s'opposèrent aux théories institutionnalistes. Les théoriciens de l'interdépendance font d'ailleurs la différence entre hégémonie et impérialisme: «contrairement à une puissance impérialiste, un hégémon ne peut créer et imposer des règles sans un certain degré de consentement de la part des autres États souverains» (Keohane 1984: 46)[3]. Aussi, la théorie des régimes affirme que l'hégémonie ne se définit pas seulement par les capacités matérielles et les ressources d'un territoire mais aussi par les valeurs et les formes de relations et de pouvoir déjà intégrées dans les structures du système international. Par exemple, pour John Ruggie, l'hégémonie américaine est passée au système interétatique en enracinant le principe de souveraineté des nations: «le système de loi moderne consiste en l'institutionnalisation de l'autorité publique à l'intérieur de domaines de juridiction mutuellement exclusifs» (Ruggie 1983: 275)[4]. Aussi, Ruggie dira que l'institutionnalisation de l'hégémonie américaine est possible, non pas parce que les structures du système le requièrent mais parce que le sens de l'exceptionalisme fondamental à l'identité des Américains a pu appuyer l'action des États-Unis au niveau mondial (Ruggie 1998: 14).

De leur côté, les théories réalistes, pour lesquelles un État hégémonique évoluant dans un système anarchique exerce son influence et impose sa force principalement par ses capacités matérielles et par sa prépondérance en termes de ressources militaires et économiques (Keohane 1984: 32), reconnaissent également que les aspects idéologiques et normatifs des formes de pouvoir permettant aux États dominants de rendre leur autorité moralement acceptable, donc plus facile à exercer (Morgenthau 1967: 87-88). Gilpin ajoutera que «les États les plus faibles d'un système international suivront le leadership des États les plus puissants, en partie parce qu'ils acceptent la légitimité et l'utilité de l'ordre existant» (Gilpin 1981:30)[5].

Bien qu'il existe des variantes de l'hégémonie en nombre suffisant pour satisfaire à peu près toutes les tendances (Strange 1987: 557), le concept d'hégémonie possède une valeur explicative importante puisqu'il permet d'illustrer les liens entre économie et politique et de réduire les écarts entre les politiques internes et les politiques internationales. La diffusion de normes et de valeurs associées au départ à certains groupes sociaux d'une nation particulière à des structures internes d'autres nations ou à des structures supranationales, est en effet le moment-clé de l'évolution et de la distribution de la puissance au niveau global.

Repères
Arrighi, Giovanni. 1993. «The Three Hegemonies of Historical Capitalism». Gill, Stephen (dir.). Gramsci, Historical Materialism and International Relations. Cambridge: Cambridge University Press.
Cox, Robert. 1983. «Gramsci, Hegemony and International Relations: an Essay in Methods». Millenium: Journal of International Studies 12 (2): 162-175.
Cox, Robert. 1987. Production, Power and World Order: Social Forces in the Making of History. New York: Colombia University Press.
Gilpin, Robert. 1981. War and Change in World Politics. Cambridge: Cambridge University Press.
Gramsci, Antonio. 1971. Selections From the Prison Notebooks of Antonio Gramsci. Traduit par Quintin Hoare et Geoffrey Nowell Smith. New York : International Publishers. 483 p.
Keohane, Robert O. 1984 After hegemony. Cooperation and Discord in the World Political Economy. New Jersey: Princeton University Press. 291 p.
Morgenthau, Hans. 1967. Politics Among Nations: the Struggle for Power and Peace. 4iéme édition. New York: Alfred Knopf. 615 p.
Piotte, Jean-Marc. 1970. La pensée politique de Gramsci. Paris: Anthropos, coll. Sociologie et connaissance. 302 p.
Rioux, Jean-François, Eric Keenes et Greg Légaré. 1988. «Le néo-réalisme ou la reformulation du paradigme hégémonique». Études internationales 19 (1): 57-80.
Ruggie, John G. 1983. «Continuity and Transformation in the World Polity: Toward a Neorealist Synthesis». World Politics. 35 (2): 195-232.
Ruggie, John G. 1998. Constructing the World Polity: Essays on International Organization. Londres / New York: Routledge.
Strange, Susan. 1987. «The Persistent Myth of Lost Hegemony». International Organisation. 41 (4): 551-574.
[1] «A dominant state exercises a hegemonic function if it leads the system of states in a desired direction and, in so doing, is perceived as pursuing a universal interest» (Arrighi 1993: 150).
[2] «Hegemony is a situation wherein the products of a given core state are produced so efficiently that they are by and large competitive even in other core states, and therefore the given core state will be the primacy beneficiary of a maximally free world market» (Wallerstein 1980: 38).
[3] «...unlike an imperial power, an hegemon can not make and enforce rules without a certain degree of consent from other sovereign states» (Keohane 1984: 46).
[4] «...the modern system of rule consists of the institutionalisation of public authority within mutually exclusive jurisdictional domains» (Ruggie 1983: 275).
[5] «...the lesser states in an international system will follow the leadership of more powerful states, in part because they accept the legitimacy and utility of the existing order » (Gilpin 1981:30).

Francis Fukuyama's critic of Negri & Hardt

taken from: http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1545
’Multitude’ : An Antidote to Empire
MULTITUDE : War and Democracy in the Age of Empire.
par Francis Fukuyama
Well before 9/11 and the Iraq war put the idea in everybody’s mind, Michael Hardt and Antonio Negri had popularized the notion of a modern empire. Four years ago, they argued in a widely discussed book -- titled, as it happens, ’’Empire’’ -- that the globe was ruled by a new imperial order, different from earlier ones, which were based on overt military domination. This one had no center ; it was managed by the world’s wealthy nation-states (particularly the United States), by multinational corporations and by international institutions like the World Trade Organization and the International Monetary Fund. This empire -- a k a globalization -- was exploitative, undemocratic and repressive, not only for developing countries but also for the excluded in the rich West.
Hardt and Negri’s new book, ’’Multitude,’’ argues that the antidote to empire is the realization of true democracy, ’’the rule of everyone by everyone, a democracy without qualifiers.’’ They say that the left needs to leave behind outdated concepts like the proletariat and the working class, which vastly oversimplify the gender/racial/ethnic/ class diversities of today’s world. In their place they propose the term ’’multitude,’’ to capture the ’’commonality and singularity’’ of those who stand in opposition to the wealthy and powerful.
This book -- which lurches from analyses of intellectual property rules for genetically engineered animals to discourses on Dostoyevsky and the myth of the golem -- deals with an imaginary problem and a real problem. Unfortunately, it provides us with an imaginary solution to the real problem.
The imaginary problem stems from the authors’ basic understanding of economics and politics, which remains at its core unreconstructedly Marxist. For them, there is no such thing as voluntary economic exchange, only coercive political hierarchy : any unequal division of rewards is prima facie evidence of exploitation. Private property is a form of theft. Globalization has no redeeming benefits whatsoever. (East Asia’s rise from third- to first-world status in the last 50 years seems not to have registered on their mental map.) Similarly, democracy is not embodied in constitutions, political parties or elections, which are simply manipulated to benefit elites. The half of the country that votes Republican is evidently not part of the book’s multitude.
To all this Hardt and Negri add an extremely confused theory, their take on what Daniel Bell labeled postindustrial society, and what has more recently been called the ’’knowledge economy.’’ The ’’immaterial labor’’ of knowledge workers differs from labor in the industrial era, Hardt and Negri say, because it produces not objects but social relations. It is inherently communal, which implies that no one can legitimately appropriate it for private gain. Programmers at Microsoft may be surprised to discover that because they collaborate with one another, their programs belong to everybody.
It’s hard to know even how to engage this set of assertions. Globalization is a complex phenomenon ; it produces winners and losers among rich and poor alike. But you would never learn about the complexities from reading ’’Multitude.’’ So let’s move on to Hardt and Negri’s real problem, which has to do with global governance.
We have at this point in human history evolved fairly good democratic political institutions, but only at the level of the nation-state. With globalization -- and increased flows of information, goods, money and people across borders -- countries are now better able to help, but also to harm, one another. In the 1990’s, the harm was felt primarily through financial shocks and job losses, and since 9/11 it has acquired a military dimension as well. As the authors state, ’’one result of the current form of globalization is that certain national leaders, both elected and unelected, gain greater powers over populations outside their own nation-states.’’
The United States is uniquely implicated in this charge because of its enormous military, economic and cultural power. What drove people around the world crazy about the Bush administration’s unilateral approach to the Iraq war was its assertion that it was accountable to no one but American voters for what it did in distant parts of the globe. And since institutions like the United Nations are woefully ill equipped to deal with democratic legitimacy, this democracy deficit is a real and abiding challenge at the international level.
The authors are conscious of the charge that they, like the Seattle anti-globalization protesters they celebrate, don’t have any real solutions to these matters, so they spend some time discussing how to fix the present international institutions. Their problem is that any fixes are politically difficult if not impossible to bring about, and promise only marginal benefits. Democratic institutions that work at the nation-state level don’t work at global levels. A true global democracy, in which all of the earth’s billions of people actually vote, is an impossible dream, while existing proposals to modify the United Nations Security Council or change the balance of power between it and the General Assembly are political nonstarters. Making the World Bank and I.M.F. more transparent are worthy projects, but hardly solutions to the underlying issue of democratic accountability. The United States, meanwhile, has stood in the way of new institutions like the International Criminal Court.
It is at this point that Hardt and Negri take leave of reality -- arriving at an imaginary solution to their real problem. They argue that instead of ’’repeating old rituals and tired solutions’’ we need to begin ’’a new investigation in order to formulate a new science of society and politics.’’ The woolliness of the subsequent analysis is hard to overstate. According to them, the fundamental obstacle to true democracy is not just the monopoly of legitimate force held by nation-states, but the dominance implied in virtually all hierarchies, which give certain individuals authority over others. The authors dress up Marx’s old utopia of the withering away of the state in the contemporary language of chaos theory and biological systems, suggesting that hierarchies should be replaced with networks that reflect the diversity and commonality of the ’’multitude.’’
The difficulty with this line of reasoning is that there is a whole class of issues networks can’t resolve. This is why hierarchies, from nation-states to corporations to university departments, persist, and why so many left-wing movements claiming to speak on behalf of the people have ended up monopolizing power. Indeed, the powerlessness and poverty in today’s world are due not to the excessive power of nation-states, but to their weakness. The solution is not to undermine sovereignty but to build stronger states in the developing world.
To illustrate, take the very different growth trajectories of East Asia and sub-Saharan Africa over the past generation. Two of the fastest growing economies in the world today happen to be in the two most populous countries, China and India ; sub-Saharan Africa, by contrast, has tragically seen declining per capita incomes over the same period. At least part of this difference is the result of globalization : China and India have integrated themselves into the global economy, while sub-Saharan Africa is the one part of the world barely touched by globalization or multinational corporations.
But this raises the question of why India and China have been able to take advantage of globalization, while Africa has not. The answer has largely to do with the fact that the former have strong, well-developed state institutions providing basic stability and public goods. They had only to get out of the way of private markets to trigger growth. By contrast, modern states were virtually unknown in most of sub-Saharan Africa before European colonialism, and the weakness of states in the region has been the source of its woes ever since.
Any project, then, to fix the ills of ’’empire’’ has to begin with the strengthening, not the dismantling, of institutions at the nation-state level. This will not solve the problems of global governance, but surely any real advance here will come only through slow, patient innovation and the reform of international institutions. Hardt and Negri should remember the old insight of the Italian Marxist Antonio Gramsci, taken up later by the German Greens : progress is to be achieved not with utopian dreaming, but with a ’’long march through institutions.’’
Francis Fukuyama, a professor of international political economy at Johns Hopkins University, is the author of ’’State-Building : Governance and World Order in the 21st Century.’’

FTW MAGAZINE

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