dimanche, octobre 03, 2004


Jacques était là dans son salon, écoutant la musique évoquant chez lui un semblant de messe enchanté par le son d’un Casavant. Dans son trois et demi, les murs du salon trop grands ternissaient les couleurs de son pantalon. Un pantalon rouge nananne, dont il avait fait l’acquisition à l’une des merceries du faubourg, lequel lui imposait la cadence. Pourquoi s’en plaindre? Ce pantalon le mettait à l’aise au premier abord et il ne le portait qu’à la maison. Tenant dans sa main droite une copie d’un journal, l’encre séché lui donnant la sensation d’égriser les pores de sa paume. Le tenant roulé, il le serait tel le volant d’une voiture dont il n’avait pas les moyens.

Habituellement, l’heure et la date avaient une importance pour lui, il cherchait à savoir ce qui se produisait ailleurs que chez lui. À son habitude, ses choses ne bougeaient pas. Il en avait l’impression. Reste t’il que les choses qui ne bougent pas n’étaient, vraisemblablement, pas, à son avis. À cette constatation lui vint à l’esprit la question à savoir si réellement lui-même était un objet dont l’existence eidétique prenait place. Levant les yeux vers son buste d’Hérode, il y vit les égratignures de son chat mort, il y a de cela 2 mois. L’absence d’Oscar se sentait encore. Jacques ne vivait plus avec cette odeur de litière et ses vêtements s’étaient émaciés de la masse des poils perdus par le félin, mort d’une crise d’hormones.

Beaucoup de détails en si peu de temps, la vitesse de la pensée en fonction des mains et de la vue font fondre l’envie de perdurer la teneur du propos. Affranchi de sa cage sociale, Jacques ne cherche pas à s’en sortir. La liberté est impitoyable pour ceux dont la créativité et le respect des lois sont cuit à point. Pourquoi ne pas être l’un de ces fouilles-merdes de journalistes? Aller fouler le terrain, être exhaustif des faits cuculs de la vie serait tellement plus pressant. Être pressé, oui, une semaine n’attendrait pas l’autre! Repaver les quartiers Est, les rendre intéressants, y emmener les yuppies et vaincre la pauvreté. Le relief de ma vie deviendrait celui d’une star.

La réluctance vient faire son tour. Eh merde! La présomption ne sert à rien pour celui dont le lustre s’est perdu, même pour ceux allant encore d’un hourvari. Jacques comprit qu’il était entrain à se compromettre dans sa relative espérance de vie. Il y a deux semaines de cela, il dévisageait le scintillement de son ouvre-lettre ougandais. L’éclat rouge des rideaux à travers duquel venait se poser une fine lame de lumière atterrissait directement sur son tranchant. La poignée faite d’ivoire donnait l’argument à l’acte d’être de bon goût, un suicide succulent. Puis aujourd’hui, il vit la corde servant à tenir les rideaux spartiates. D’un bond du regard, un calcul mathématique s’entreprit à faire le test de résistance entre la corde sa masse et le point d’attache. La corde, elle aussi ayant de la classe, était dorée et épaisse. Il restait tout de même à se trouver un point d’attache assez solide. Aucune poutre, clou ou garde-robe était assez robuste. Le buste de Jacques se bomba et il relâcha son souffle. À quoi bon, le suicide n’est qu’une solution afin de mettre fin à sa vie. Il serait bien plus simple d’arrêter d’être conscient du fait de son vécu. Il regarda le journal et l’ouvrit, un bon début. Les grands titres se précipitant à proximité des publicités, il vit.

Posted by Hello

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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